Régulation de l’aromatase B dans les cellules gliales radiaires dans le cerveau du poisson zèbre (Danio rerio) et rôles potentiels dans la neurogenèse adulte
L’œstradiol (E2) est une hormone pléïotropique intervenant dans de nombreux processus physiologiques et physiopathologiques notamment au niveau du système nerveux central. En particulier, l’E2 module des processus cellulaires impliqués dans la neurogénèse, pendant le développement embryonnaire, chez l’adulte et également en cas de réparation neuronale. Contrairement aux mammifères, chez lesquels la neurogénèse adulte est limitée, les poissons téléostéens présentent une intense neurogénèse adulte dans tout le cerveau. De plus, ces poissons présentent plusieurs spécificités fonctionnelles concernant l’aromatase, l’enzyme de synthèse de l’E2. En effet, l’aromatase cérébrale (aromatase B) est régulée positivement par l’E2, et est très fortement exprimée dans les cellules gliales radiaires, dont le rôle est inconnu chez les poissons, mais qui sont connues pour être des cellules progénitrices neuronales chez les mammifères lors de la neurogénèse embryonnaire. Au vu de ces données, l’objectif de ce travail était d’examiner l’hypothèse que l’E2 puisse être impliqué dans le maintien et la forte activité neurogénique chez les poissons téléostéens.
Nous avons ainsi, tout d’abord montré que les cellules gliales radiaires présentes dans le cerveau adulte de poisson zèbre (Danio rerio), un poisson téléostéen, sont des cellules progénitrices neuronales. De plus, nous avons caractérisé et validé une lignée de poisson zèbre transgénique aromatase B/GFP en montrant que la GFP (placée sous le contrôle du promoteur du gène aromatase) est coexprimée avec l’aromatase B dans les cellules gliales radiaires chez les larves et les adultes. De plus, l’expression de ce transgène est stimulée par l’E2. Nous avons ensuite approfondi l’étude des mécanismes de régulation de l’expression du gène codant l’aromatase B. Nous avons ainsi mis en évidence que des androgènes aromatisables, comme la testostérone, ou non aromatisables, comme la dihydrotestostérone et un de ces métabolites, la ßdiol peuvent réguler l’aromatase B, et ceci via les récepteurs aux œstrogènes (ERs) et non les récepteurs aux androgènes. Nous avons également démontré que les ARNm codant les ERs et l’aromatase B apparaissent très tôt pendant le développement du poisson zèbre et augmentent fortement entre 24h et 48h. L’utilisation d’un antagoniste des ERs nous a permis de conclure que la signalisation œstrogénique se met en place entre 24h et 48h.
Ces travaux mettent donc en avant l’existence d’un lien potentiel entre l’E2 et la forte activité neurogénique présente chez les poissons, constituant un processus qui pourrait être une caractéristique évolutive ou une exagération de mécanismes observés chez les mammifères.
Mots clefs : aromatase B, cyp19a1b, œstradiol, androgènes, récepteurs aux œstrogènes, neurogénèse, cellules gliales radiaires, poisson zèbre, téléostéen.
Présentée le 23 octobre 2008
Laboratoire où a été préparée la thèse :
Neurogenèse et Oestrogènes, UMR 6026 CNRS Université de Rennes, Campus de Beaulieu, 35042 Rennes cedex – France
Nom du directeur de thèse: Dr Olivier Kah (UMR3026, Rennes) et Anne Duittoz (UMR6175, Nouzilly)