Rôle des cellules endothéliales dans l’induction d’une plasticité morphologique des cellules épendymogliales de l’éminence médiane : implication dans le contrôle neuroendocrine de la fonction de reproduction femelle
De plus en plus d’études suggèrent que les cellules non neuronales du système nerveux central participent activement au contrôle de la libération neuroendocrine de la GnRH (gonadotrophin releasing hormone), la neurohormone qui contrôle la maturation sexuelle et la fonction de reproduction. Dans l’hypothalamus, l’interrelation entre les cellules épendymogliales de l’éminence médiane, appelées tanycytes, et les terminaisons neuroendocrines apparaissent comme un paramètre essentiel dans la régulation de la libération de la GnRH dans le sang porte hypophysaire. Cependant, les processus de communication cellule-cellule qui engendrent les changements structuraux et physiologiques au niveau de cette jonction neurovasculaire restent très peu connus.
Dans la première partie de ce travail, nous rapportons que les cellules endothéliales purifiées de l’éminence médiane provoquent la réorganisation du cytosquelette d’actine des tanycytes via la sécrétion de monoxyde d’azote (NO). Nos résultats montrent aussi que les produits d’activation de la guanylyl cyclase soluble et de la cyclooxygénase, enzymes cibles du NO, sont impliqués dans ce remaniement du cytosquelette d’actine des tanycytes induit par les cellules endothéliales. De plus, par microscopie électronique, nous démontrons que la stimulation de la libération endogène de NO dans l’éminence médiane induit une plasticité morphologique permettant aux terminaisons nerveuses à GnRH, habituellement enveloppées par les pieds tanycytaires, de contacter directement l’espace péricapillaire. Par ailleurs, l’inhibition de la synthèse in vivo de NO dans l’éminence médiane perturbe le déroulement normal du cycle de reproduction chez le rat femelle.
La deuxième partie de ce travail vise à étudier le rôle des estrogènes sur le remaniement du cytosquelette d’actine des tanycytes induit par les cellules endothéliales. Nous montrons que les estrogènes potentialisent l’effet des cellules endothéliales de l’éminence médiane sur le remaniement du cytosquelette d’actine des tanycytes en induisant la rétraction de leurs prolongements. Parallèlement à cela, on observe une augmentation de l’expression de la eNOS dans les cellules endothéliales (suggérant une augmentation de NO libéré), et une augmentation de l’expression des cyclooxygénases dans les tanycytes.
Les deux premières études démontrent une fonction jusqu’alors inconnue des cellules endothéliales dans l’induction d’une plasticité des tanycytes dépendante des oestrogènes, et qui semble importante dans le contrôle de la reproduction par le cerveau.
Dans la troisième partie de ce travail, nous donnons des arguments en faveur d’une action directe du TGF 1 d’origine gliale sur les neurones à GnRH dans l’aire préoptique. Par contre, au niveau de l’éminence médiane, les observations semblent écarter la possibilité d’une action directe du TGF 1 sur les terminaisons nerveuses à GnRH.
En conclusion générale, l’ensemble de ce travail de thèse fournit de nouvelles données sur les interrelations endothélio-glio-neuronales et montre l’importance des cellules non neuronales dans le contrôle neuroendocrine de la fonction de reproduction femelle.
Mots-clés : plasticité neurogliale, cellules endothéliales, GnRH, monoxyde d’azote, oestrogènes, TGF 1, hypothalamus
Présentée le 27 octobre 2004
Laboratoire où a été préparée la thèse:
INSERM U 422, Neuroendocrinologie & Physiopathologie Neuronale, Place de Verdun, 59045 Lille Cedex
Nom du Directeur de thèse : Dr Vincent Prévot