La proopiomélanocortine (POMC) est le précurseur des hormones mélanotropes, corticotrope, lipotropes et des endorphines. Chez les mammifères, la POMC est exprimée dans les cellules corticotropes et mélanotropes de l’hypophyse, le noyau arqué de l’hypothalamus et le noyau du tractus solitaire du bulbe rachidien. Deux ADNc codant deux variants de la POMC (POMC-A et POMC-B) ont été identifiés chez les salmonidés. La POMC-A de truite présente une extension C-terminale de 25 acides aminés (KREQWGREEGEEKRALGERKYHFQG) qui n’a été retrouvée chez aucune autre espèce étudiée à ce jour. Afin de localiser et de caractériser, dans l’hypophyse et le cerveau de la truite arc-en-ciel, les formes moléculaires générées à partir du domaine C-terminal de la POMC-A, nous avons développé des anticorps spécifiques contre EQWGREEGEE, YHFQG et son variant amidé YHFQ-NH2.
Nous avons localisé une immunoréactivité de type EQWGREEGEE et YHFQ-NH2 dans de nombreuses cellules hypophysaires de la pars intermedia et de la zone rostrale de la pars distalis, ainsi que dans des corps cellulaires hypothalamiques situés dans la partie antérieure du noyau latéral du tuber. Des fibres nerveuses ont été observées dans le télencéphale, le diencéphale, le toit optique du mésencéphale et dans la medulla oblongata. En revanche, un très faible marquage a été détecté avec l’anticorps anti-YHFQG dans l’hypophyse et l’hypothalamus de truite. L’analyse chromatographique (HPLC) d’extraits tissulaires couplée à une détection radioimmunologique nous a ensuite permis de montrer que, dans l’hypophyse et différentes régions du cerveau, l’immunoréactivité co-élue principalement avec les deux décapeptides synthétiques EQWGREEGEE et ALGERKYHFQ-NH2, respectivement. Les peptides endogènes ont été purifiés à partir d’extraits hypophysaires de truite et le séquençage a démontré définitivement l’existence de deux nouveaux décapeptides: EQWGREEGEE et ALGERKYHFQ-NH2. Nous avons enfin étudié la distribution de EQWGREEGEE à différents stades du développement: J29 (juste avant l’éclosion), J33 (juste après l’éclosion), J47, et J61 (après résorption du sac vitellin). Nous avons observé une immunoréactivité dans deux groupes de cellules hypophysaires: le premier, situé dans la région rostrale, est détecté dès le stade précédant l’éclosion alors que le deuxième, localisé dans la région caudale, n’apparaît qu’au stade J47. Des corps cellulaires, localisés dans l’hypothalamus ventral, ont été observés uniquement au dernier stade. Des fibres nerveuses ont été détectées dans l’hypothalamus et le thalamus à partir du stade J47 et dans le plancher du mésencéphale au stade J61. L’analyse par HPLC couplée au dosage radioimmunologique de EQWGREEGEE a révélé l’existence de deux formes peptidiques qui ne co-éluent pas avec EQWGREEGEE, indiquant que la maturation protéolytique de l’extrémité C-terminale de la POMC-A génère plusieurs formes moléculaires à différents stades du développement.
En conclusion, ce travail montre que la maturation post-traductionnelle de la POMC-A conduit à la formation, dans l’hypophyse et dans différentes régions du cerveau de la truite, de deux nouveaux décapeptides qui pourraient exercer des fonctions biologiques en tant qu’hormones, neurotransmetteurs et/ou neuromodulateurs. Par ailleurs, les anticorps que nous avons développés contre EQWGREEGEE et YHFQ-NH2 constituent d’excellents outils pour rechercher spécifiquement la présence de la POMC-A par immunohistochimie dans l’hypophyse et le cerveau de la truite arc-en-ciel.
Mots clés : Hormones peptidiques – Neuropeptides – Truite – Proopiomélanocortine-A – Hypophyse – Cerveau
Présentée le 12 septembre 2001
Laboratoire où a été préparée la thèse :
Laboratoire de Neuroendocrinologie Cellulaire et Moléculaire, INSERM U413, UA CNRS, IFRMP 23, Université de Rouenl, 76821 Mont-Saint-Aignan cedex
Nom du directeur de thèse : Hubert Vaudry